mmm
diaire dans cette négociation. L'impriraeur accepta sans
enthousiasme et n'utilisa jamais la fonte; le Mazarin dort
encore aujourd'hui rue de Sèvres, chez M. Grou-Radenez,
successeur de Renaudie. Ainsifinit l'aventure de VYmagier,
cette revue sans précédent, et sans postérité. Rien ne peut
en être rapproché, sinon 1' Ar moire de citronnier oil Maurice
Scève voisinait avec ce gueux de Florinde, et Florinde avec
Raoul Dufy, Dunoyer de Segonzac et ^uc-Albert Moreau
dans des pages doucement parfumées de relents gastrono-
miques qui s'exhalaient du pays de CocagneL'Ymagier fut
un bel exemple de riante érudition, le léger divertissement
de deux lettrés qui se seraient placés sous le patronage de La
Monnoye-Barozai, de Charles Nodier et de Gérard de Ner
val, sans méme dédaigner le Chef-d'oeuvre d'un inconnu.
L' Ymagier ne mobilisait pourtant pas toute l'activité de
Gourmont. En 1896, Gourmont faisait tirer a part le Miracle
de Thêophile, Aucassin et Nicolette et son étude sur la poésie
populaire dont il ne fut imprimé, disait le titre, que
C et XXV copies toutes pareilles et trés belles car
Gourmont avait un penchant pour la naïveté étudiée.
Peu après la publication du premier numéro, parut Phocas,
premier et seul volume de la collection de VYmagier. (Ce
n est pas d aujourd'hui que les collections ne tiennent pas
leurs promesses!) Phocas, plaquette in-seize raisin tirée a
trés petit nombre, est aujourd'hui l'un des opuscules les plus
rares de la collection gourmontienne. La couverture, gris
bleu, et rose pour les exemplaires sur ingres rose, ne
porte pas de texteelle est ornée d'un petit bois de Gourmont
tire en bleu de Prusse. Le titre, en antique maigre, se relève
d'une initiale grasse dans l'adresse, le mot Ymagier est en
gothique grasse. Trois autres vignettes sur bois de Gour
mont décorent le texte.
C'est encore en 1896 que Gourmont publia le Livre
des masques, imprimé chez Darantière, avec trente petits
portraits gravés sur bois par F. Vallotton, et le Pèlerin du
silence, orné d'un frontispice d'Armand Seguin. Ce recueil
qui réunissait la plupart des plaquettes que nous avons
citées, tut imprimé par Ia veuve Albouy. Gourmont l'apporta
triomphalement chez Renaudie Voila, lui dit—ilun livre
saus tautes! Après un bref examen, il s'entendit répondre
II contient autant de fautes que de pages! Dans tous les
titres courants, le mot pèlerin avait été imprimé avec un
accent aigu. Seuls, le titre, le faux-titre et la couverture
possédaient 1 accent grave. Remy de Gourmont dut s'avouer
vaincu il avait trouvé un oeil encore plus typographique
que le sien
En 1897, Gourmont publia un roman, Les Chevaux de
Diomède, VAlmanach de 1' Ymagier, promis a ses souscrip-
teurs, et une courte tragédie en prose, le Vieux roi, qui est
imprimée trés simplement en elzévir. L'architecture du titre
répète celle du Latin mystique; la couverture, en Arches
crème, porte en tête, sur une ligne, un titre jaune en capitales
Mazarin.
La me me année, Les Cydalises et Les Chimères, de Gérard
de Nerval, inaugurent la collection de la Ciguë. De format
in-seize couronne, cette plaquette est imprimée en petit
elzévir, avec titres courants en bas de casse Mazarin.
La couverture est muette, et faite d'un papier de tenture
a larges fleurs. Les quatre lignes du titre sont accolées
dune giande initiale et remplies de fleurons répétés;
une ombelle de ciguë occupe le centre; l'adresse,
en carré, est rejetée dans l'angle inférieur droit. Un por
trait par Vallotton est placé en frontispice.
Le IL Livre des masques, orné comme le premier
de portraits de Vallotton, parut en 1898, ainsi que
ft
Vi'« eéW. AA&sirme.
■SS Wfifi
^■\k
COUVERTURE VERT ET OR DE THÉODAT (120X192%)
D'un pays lointain, dont l'impression n'est relevée d'aucune
innovation.
L'année suivante, Gourmont revient chez Renaudie pour
les Saintes du Paradis, dédiées a Filiger. Ce petit chef-
d'ceuvre typographique est orné par Georges d'Espagnat de
bois au couteau qui représentent de charmants visages de
lemmes, des petits paysages et des fleurs. La couverture,
en papier chenillé vert et bleu, est absolument nue. Tout le
livre, titre compris, est composé en bas de casse elzévir
gras; le texte, trés interligné et toujours aligné sur la
gauche, se passé de titres courants il est séparé des bois
par de larges blancs. Le bas de casse du texte a été utilisé
pour les titres, comme dans les anciens livres d'heures.
La page de titre, trés originate, est disposée en carré; son
texte, trés long et sans alinéas, est accolé d'un profil de
femme. Equilibrée a la perfection, cette plaquette
est a la fois grave et légère.
En décembre 1899, parut le Songe d'une femme.
IV