LES SAIIVr-
S1MON1EH S
Office de ce dogmatisme. La propriété, c'est la
fonction s'écria Enfantin, et l'on anathémisa les
propriétaires.
La religion, c'est l'esclavage et l'on fulmina
contre Rome.
Le roi fut sauf, mais on l'annexerait.
Et par quoi rempla9ait-on la propriété, la religion
et la royauté?
Par le travail, mais un travail organisé, social, obli
gatoire. On enrégimenterait hommes, femmes, enfants
a toutes les échelles sociales, et jusqu'au souverain
même.
Les jours d'inauguration, disait le Globe, le Roi,
sa familie, ses ministres, la Cour de Cassation, la Cour
royale, les deux Chambres, manieraient la pelle et la
pioche. Le vieux La Fayette serait la... les régiments
et les musiques, les escouades d'ouvriers seraient com-
mandées par des ingénieurs et des polytechniciens en
grand uniforme, les femmes les plus brillantes se mêle-
raient aux travailleurs pour les encourager.
Et dogmatisant outre-frontière, l'Angleterre était
vouée a l'industrie, l'Allemagne a la science, la Russie
restant en sentinelle au bord du monde asiatique.
Ainsi, préludant a la S. D. N., naissait une Confédé-
ration d'États européens organisée en corps social.
Le temple de la rue Monsigny, devenu trop petit,
ou peut-être situé dans un lieu mal propice aux médi-
tations, fut abandonné. Nos anachorètes se retirèrent
a Ménilmontant, qui n'était alors qu'un calme petit
village a la porte de Paris.
La maison de Ménilmontant devint alors le micro-
cosme du Saint-Simonisme. II y avait, s'il faut en
croire l'imagerie populaire de l'époque, des frères
laveurs de vaisselle, des frères buandiers, des frères
jardiniers, a la manière de l'abbaye des Pères Blancs
après la découverte de l'Élixir, et aussi des soeursprê-
cheuses, des sceurs chasseresses, des sceurs cordon-
nières, car les femmes furent, après bien des débats
qui ne manquèrent pas de piquant, admises la com
munion saint-simonienne.
Comme il y avait déja des funérailles saint-simo-
niennes, il y eut maintenant des mariages et des bap-
têmes du même rite, car il était hors de doute que
quiconque naitrait de deux saint-simoniens, serait
lui-même un parfait saint-simonien, et comme il y
avait eu un Père Enfantin il y eut une Mère
Bazard
Dotée maintenant de femmes, d'une papesse et d'un
Saint-Siège simonien, la nouvelle lie Sonnante va
fonctionner en pleine liturgie. Tel jour il y a prise
d'habit, c'est-a-dire qu'un néophyte est initié Le
Père Enfantin, revêtu alors d'un gilet rouge, d'un
pantalon blanc et d'-une tunique bleue, s'avance vers
le récipiendairedes chceurs retentissent c est le
Salutau Père (paroles de Vizard, musique de Félicien
David, tous deux fervents adeptes).
Salut, Père, salut
Salut et gloire a Dieu...
Le Christ quittant les apdtres
Leur dit veillez, ils ont dormi.
Vous nous avez dit travaillez.
Nous void, I'oeuvre commence..,
Après la cérémonie de la prise d'habit, le choeur
entonne un Hymne au travail. On tombe la veste
(en mesure probablement) et par longues et lentes
théories, les frères pelleteurs, les frères remblayeurs,
les frères brouetteurs, vont a leurs occupations. A
cinq heures, il y a brisure c'est-a-dire que le son
du cor annonce la collation, pendant qu autour de
la propriété plus de deux mille curieux contemplent
avec ébahissement ces étranges travailleurs.
Beaucoup d'entre eux, qui sont pour la plupart de
Placard populaire de propagande Saint-Simonienne.
i)A!NS IJ l K M.AISONi A MKINII.MDINT AIN'T
Canard populaire gravé sur bois sur le suicide de deux Saint Simoniens.
Étiquette de liqueur.
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ii„lu.ii>» i IY| ffihiÉÉÉiiiTiiiiiiliiiifibniffl r
r.imour el de la jalotnie. Ö«nl*iunW»r.i's
re, ijui oal Ctu trouvées sur la table coté de leur lit.