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s'agit d'art primitif, de parler de stylisation. Jamais l'artiste
primitif ne viendrait a l'idée d'opposer l'un a l'autre stylisa
tion et naturalisme et de choisir délibérément entre ces deux
extrêmes. Ce sont la des catégories qui sont les nötres, mais non
les siennes, car si nous faisons la distinction entre ces con-
traires, c'est que nous comparons les ceuvres provenant d'ori-
gines les plus différentes. Dans chaque culture de eet ordre, le
style est pour l'artiste la réalité même, l'incarnation du réel.
(11 n'est pas jusqu'aux rares portraits des cultures primitives,
comme ceux par exemple que nous a laissés la Grèce archaïque,
qui ne tendent a créer un type.) Pour l'artiste comme pour
ceux qui contemplent son ceuvre, la question ne se pose pas de savoir
s'il existe objectivement quoi que ce soit qui ressemble a la repré-
sention que l'on en donne. Les choses ne repoivent telle ou telle
forme que paree qu'elles sont vraiment ainsi. La tête baga, le dieu
mangareva et le dieu arawak, si différents que puissent en être la
matière, la grandeur et l'exécution, si richement ornés ou si dé-
pourvus d'ornements qu'ils soient, présentent le même étrange mé
lange d'impersonnalité et d'envoütement.
Nous nous sentons attirés par ces ceuvres, précisément paree que,
a l'encontre de celles de notre art conscient, elles se suffisent en-
tièrement a elles-mêmes. [Suite a ia page 557]
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