Les ateliers ont I'avantage qu'ils tiennent
farouchement a preserver d'intervenir a
un niveau plus «humain», ou les rapports
sont faits de cooptations et de conni
vences. Souvent, ils sont batis autour de
fortes personnalites, bourrees de talent,
que Ton voit mal s'adapter aux structures
d'entreprise. Leur fonctionnement artisanal
paraTt garant de la belle ouvrage» pour ne
pas dire de la dimension purement artis-
tique du graphisme. Selon Pierre Bernard,
«au-dela d'un certain nombre une dizai-
ne de personnes le gens se parlent
moins, les hierarchies se figent. Le partage
des taches est riche de ressources, mais il
n'y a rien de plus appauvrissant qu'une hie-
rarchie figee ou I'information passe par des
notes, des comptes-rendus... D'une certai-
ne fagon, la petitesse du groupe facilite la
relation au commanditaire, car tout I'atelier
se sent implique dans la demarche. Les
structures lourdes obligent a realiser des
chiffres d'affaires importants pour deja sub-
venir aux besoins de fonctionnement. Cela
conduit trap souvent a creer des schemas
de reponse repetitifs
Face a la crise, immense, qui s'installe, la
manne du secteur public, particulierement
en France ou la force de I'Etat et les rattra-
pages d'un long Moyen-Age visuel sont
garants d'une certaine stabilite de la com-
mande, est vitale pour le graphisme. Autant
le dire clairement et sans plus d'etats
d'ame. Que la complementarite s'epanouis-
se, plutot qu'une concurrence suicidaire.
affiche (auto-production),
sur le theme du droit au
logement, realisee par
les Graphistes Associes
1992
La democratie des signes
II y a bien des fagons de definir la democra
tie dont la plus en vogue, ces dernieres
annees, consiste a dire qu'elle est la moins
mauvaise forme de I'organisation politique.
Vision passive qui edulcore son aspect le
plus dynamique le compromis.
Compromettre, dont le sens a singuliere-
ment glisse, vient du latin «compromit-
tere», s'engager mutuellement ainsi que,
s'en remettre a un arbitre. Le graphisme
dont la revendication premiere est I'enga-
gement mutuel serait, en somme, d'essen-
ce democratique son resultat d'ailleurs ne
tient-il pas, toujours, a un compromis qui,
dans le meilleur des cas, accede a I'expres-
sion artistique
La democratie des signes serait d'abord
I'inverse de leur cancer generalise.
Son acception dynamique consisterait en
I'elaboration d'une deontologie des images
informatives, par tous les acteurs de leur
production, sous la houlette des pouvoirs
publics, partie prenante, enfin sensibilises.
Michel Wlassikoff
maternity
image de
Ne Pas Plier pour
I'Assocation
Pour I'Emploi,
I'information et la
Solidarity
1992
17