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Ce n'est pas que les japonais soient parti-
culierement sensibles aux idees du
Bauhaus (quand ils le connaissent, ils le
voient differemment), le nouveau Japon est
le nouveau Bauhaus. Ils sont tres attentifs a
I'impact social de la technologie sur laquel-
le ils avancent. Ils creent le hardware, les
outils, le langage pour le siecle qui vient.
Neville leur dit Eh bien nous (I'Occident)
fournirons le software et le langage qui ani-
mera ce hardware." De I'optimisme dans
I'air. Son travail pour les clients japonais est
un des domaines les plus interessants.
En France egalement, les grosses
structures font confiance aux grosses
structures. Un commanditaire institu-
tionnel fait appel a une grosse agence
dans I'ecrasante majorite des cas.
Les motifs sont multiples prestige de
la publicite, structure hierarchique
rassurante, disponibilite d'une equipe
etendue surtout, on trouve dans les
agences des interlocuteurs sachant
manier la bonne langue de bois, celle
des ecoles de commerce et d'adminis-
tration. L'efficacite vient en prime, ou
elle ne vient pas. Dans ce contexte,
votre souhait que «ces clients soient
reeduques par les designers de
maniere a penser sur une echelle plus
humaine» est a la fois comprehensible
et surprenant. Meme si la pedagogie
prend une part importante dans le
travail du designer, les clients n'atten-
dent pas de nous qu'on leur apprenne a
penser. Ils n'ont pas cette humilite et
nous, en avons-nous la capacite
Comment faites-vous concretement
avec vos clients, sont-ils d'avance
receptifs a vos idees, ou arrivez-vous
a les changer
Neville Brody, 1992.
Telecarte pour les
British Telecom.
Neville Brody, 1992.
Pub pour les papiers
Gilbert, USA.
Neville a ete distance pas les aspects
ephemeres du design dans lesquels il ris-
quait de tomber car on I'associait aux an
nees 80. Resultat, il n'a toujours pas de
clients anglais. La recession, d'apres eux,
est le plus mauvais moment pour prendre
des risques. Ils ne choisissent pas Neville
parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils auraient
a la fin. Les clients europeens, japonais et
americains vont le voir pour de nouvelles
idees. Si le client ne suit pas les idees ex-
primees, alors c'est un mauvais client.
Neville n'essaye pas de prendre une attitu
de subversive en lui presentant des ap-
proches variees ou en faisant passer son
travail sur un mode subliminal; il recherche
une complicite.
Vous avez quitte la direction artis-
tique du magazine Arena parce qu'il
ressemblait de plus en plus a un
catalogue de fringues, une brochure de
pub. Comment ga se passe avec
Actuel
Le cas Arena un public qui loupe le coche,
mais, a mon avis, egalement le cocher qui
s'est trompe d'itineraire. Neville voulait s'op-
poser a son propre style en faisant quelque
chose de neutre - de I'Helvetica c'est tout -
tellement simple que personne ne pourrait
le pomper. Bien sur, cette volonte semble
naive avec le recul. Pour les gens d'Arena
qui voulaient un design consciencieux en
apparence, rien ne pouvait etre aussi effica-
ce que de simuler la simplicite. On vit tous
avec ga I'auto-suffisance du design.
Arena est une brochure de promo, un
journal de cul.
A propos d'ActuelNeville dit qu'Actuel
c'etait difficile, toujours des problemes au
telephone, un peu le bordel. II pense que
c'est un magazine en attente. D'ou un etat
d'esprit particulier, le frisson de la balle de
match, le compte a rebours de la fin du
monde... tres different des autres maga
zines qu'il connaissait. Bien sur cette re
cherche n'aboutira jamais.
On prefererait en faire plus souvent comme
Actuel et moins comme Arena, mais Actuel
N.B. dans EYE n°1, juin 1992
Alors quoi de neuf Tu ne peux pas revenir
a ton style graphique et tu admets toi-meme
que le refuge du minimalisme n'a pas marche
(dans Arena)
«Je pense que ta question elle-meme est
une partie du probleme. La vision que les
choses doivent devenirnouvellesest la
mauvaise fagon d'observer le design.
Quelque chose est devenu faux dans ces
10/20 dernieres annees. Les gens se sont
mis a croire que le design est une affaire de
mode, ce qu'il n'est pas. Je vais vers un tra
vail qui a une qualite tres emotive, expressive,
independamment du choix de la police ou du
style typographique, qui est juste un effet de
surface. Ces deux dernieres annees, nous
avons avance dans un processus de sup
pression des connotations stylistiques. Si
quelque chose de stylistique apparait dans
I'esquisse d'un collaborateur, je lui demande
de recommencer. II y a des centaines de
voies differentes pour travaiiier, chacune est
modeme, se concentrer sur une seule est
une erreur...
Neville Brody, 1992
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