En fait, le corpus initial est interdisciplinaire
et les architectes, par exemple, peuvent
ainsi acquerir une bonne notion de ce
qu'est le graphisme. Une fois qu'est consti
tute une solide culture generale, on peut
alors decider d'une veritable specialisation.
Fokke DraaijerL'enseignement au Pays-
Bas est assez formelbien que la proble-
matique du sens soit abordee, cela reste
peu developpe, on apprend surtout a
acquerir une mentalite, une methode pour
aborder son travail futur, dans n'importe
quel domaine du graphisme, de maniere a
savoir repondre a tous les cas d'interven-
tion. Etudiant en Hollande, on est entoure
par le graphisme et on ne se pose pas le
probleme de la reconnaissance de son
metier, cela va de soi. On n'a pas non plus
I'idee que le graphisme hollandais est a ce
point reconnu dans le monde. En ce qui me
concerne, au cours de mes etudes, j'ai eu
plutot tendance a le trouver un peu
ennuyeux, limite, trop lie a la typographie...
affiche de I'exposition Grapus
L'ultime tentative au musee de
Beyerd a Breda en 1985
document choisi par Dirk Behage
affiche de I'exposition Grapus
au musee de la Publicite en 1982
document choisi par Fokke Draaijer
C'est un pays ou il y a une grande tradition
affichiste mais ou le metier de graphiste est
mal integre et reconnu, beaucoup de
choses sont a defricher...
Dirk Behage Le graphisme hollandais est
tres developpe, tres accepte, mais je ne
suis pas sur que cela soit toujours dans le
bon sens, j'ai meme le sentiment que les
choses tournent en rond, que les gra-
phistes aux Pays-Bas vivent et creent
maintenant dans un univers trop ferme,
trop centres sur eux-memes...
Fokke Draaijer...On pourrait presque par-
ler d'un phenomene incestueux qui pro-
voque une veritable uniformisation. Apres
mes etudes, j'avais envie de changer des
habitudes hollandaises qui me pesaient,
trop rigoristes a mon gout I
Dirk Behage J'ai eu ce meme desir de
changement, peut-etre aussi parce que j'ai
des origines latino-americaines, je me suis
demande s'il ne serait pas preferable pour
moi d'aller decouvrir des choses ailleurs.
La France m'attirait beaucoup.
Fokke DraaijerJ'avais envie de travailler
avec les frangais et particulierement avec
Grapus dont j'ai decouvert les images
quand j'etais etudiant. Bien que ma premie
re approche ait plus concerne les images
formelles que leur contenu - ici, j'ai mieux
compris leur sens - je les trouvais tres
fortes, elles me faisaient rever
Et puis, aussi, la salete des images...
c'etait toute la difference entre le gouda et
les fromages a moisissures I
Pierre Bernard Les jeunes Flollandais qui
viennent chercher un stage ici, encore etu-
diants ou juste sortis de I'ecole, montrent
un dossier d'etudes et expliquent comment
ils ont realise leurs exercices.
A partir de la, il me semble plus aise de
decouvrir ceux qui ont plus d'esprit de
recherche, de force que les autres. J'ai vu
aussi beaucoup de dossiers hollandais qui
accordaient une grande place a des
presentations purement plastiques. Alors
qu'on a I'assurance qu'ils ont baigne dans
un univers d'enseignement mesure, struc
ture, ils tiennent a montrer des recherches
qui concernent la sensibilite, la creation
pure, pour ne pas dire le desordre, c'est
tres agreable
Professionnels en France
Pierre Bernard Nous avons mis en place
un mode de travail collectif qui fonctionne
bien. Sur tous les projets auxquels nous
collaborons il y a une approche commune,
avec de I'enthousiasme, des reculs, des
negociations, et nous souhaitons continuer
a developper cette demarche, c'est I'interet
fondamental de notre collaboration, car il
ne s'agissait pas d'importer du graphisme
hollandais pour disposer d'un secteur gra-
phique hollandais au sein de Grapus I
Encore moins pour eux, d'absorber de la
culture frangaise pour monter une agence
graphique de culture frangaise aux Pays-
Bas Nous sommes desormais associes et
on peut parler d'un metissage culturel.
Dirk Behage Je ne me sens pas du tout
representant en France du graphisme hol
landais. Je ne souhaite pas, ici, faire un soi-
disant graphisme hollandais qui ne voudrait
d'ailleurs pas dire grand chose, car a mon
sens, le graphiste, d'ou qu'il vienne et ou
qu'il soit, doit comprendre la culture, I'uni-
vers qui I'environne. C'est surtout le fait
d'avoir pleinement conscience de son
metier et la personnalite de chacun qui
comptent.
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