Depuis 1990, deux murs peints en
moyenne par an voient le jour a Levallois.
II s'agit en priorite de murs pignons qui,
redecores par des artistes de renom,
embellissent I'environnement, eliminant de
veritables "points noirs" urbanistiques
II existe pourtant bel et bien des projets qui
ont amene une nouvelle dimension dans la
ville. A Paris par exemple, la fontaine de
Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely dans
le quartier Beaubourg, le mur peint de Jean
le Gac et I'installation de Ben rue de
Belleville, les colonnes de Buren au Palais
Royal paraissent a present parfaitement
inscrits dans le paysage urbain. Et pourtant
les polemiques n'ont pas manque.
Des projets qui ne visaient pas a masquer
la realite d'un paysage, mais plutot a
I'interroger en creant un debut de dialogue
avec I'architecture et la vie quotidienne des
passants.
Les problematiques de I'insertion d'une
ceuvre dans I'environnement, les modalites
d'intervention de I'artiste dans la ville, les
plans d'urbanisme font, etrangement, peu
I'objet d'etudes et de grands debats sur la
place publique. Ces questions ne retien-
nent que rarement I'attention des medias et
la litterature sur le sujet fait cruellement
defaut.
Comme le montre I'experience de
Fontenay-sous-Bois et d'autres interven
tions non conventionnelles d'artistes par le
passe, I'idee d'art ephemere, art de I'ins-
tant, ouvre de nouveaux horizons, vers un
art qui favorise I'engagement de I'artiste,
la prise de risque, le contact avec la
population.
Un art de mouvement, de renouvellement,
de confrontation, proposant de substituer a
la culture-patrimoine la notion d'action cul-
turelle et proposant au pouvoir d'assumer
le risque de voir son discours subverti.
«Le detournement d'un media
Si le principe du detournement d'un pan-
neau d'affichage n'est pas recent, son
acceptation comme pratique ponctuelle
semble novatrice. A Fontenay, on offre
autre chose qu'une operation mediatique
sans lendemain entre une municipality et
un afficheur, avec sponsors prives a la cle.
Le Salon de I'Ephemere s'inscrit dans la
politique de communication de la ville, qui
organise par ailleurs d'autres projets
d'expression graphique dans la rue en
commandant des affiches a des graphistes
(Claude Baillargeon, Alain le Quernec
I'annee derniere et Gerard Paris-Clavel
cette annee, sur le theme de la ville) ou en
programmant des expositions sur le theme
de I'affiche («affichistes de qualite» en
1992).
Selon Didier Nicolini, directeur de la com
munication de la ville, le Salon de
I'Ephemere est ne d'une volonte «d'ouvrir
des fenetres, de creer un moment de com
munication, pendant la periode estivale, en
offrant des panneaux a une activite
graphiqueLe principe etant de detourner
le media de sa fonction initiale, I'informa-
tion municipale.
Apres cinq annees d'experience, I'objectif
du Salon s'est precise il a pour but selon
ses organisateurs, de promouvoir de jeunes
createurs et d'impliquer les artistes dans
une ville et un environnement en touchant
de nouveaux publics.
Charb
Agression visuelle et liberte
d'expression...
Dans la ville, les panneaux d'affichage,
comme les enseignes et les panneaux de
signaletiques, delimitent I'espace urbain,
balisent une place, un quartier, entraTnent
des habitudes de lecture, des reflexes
visuels quasi automatiques. L'affichage,
media de proximite, emet un certain
nombre de stimuli visuels, agissant dura-
blement dans la cite.
L'afficheur s'approprie et gere des lieux
publics qui sont, a la fois, a tous et a per-
sonne. II dispose d'un formidable moyen de
communication, le plus souvent aux mains
des annonceurs publicitaires. Les societes
d'affichages, toujours a la recherche de
nouveaux profits et done de nouvelles sur
faces, (palissades de chantiers, fapades
d'immeubles etc), propagent, imposent
sans contraintes et discernement, les
figures marchandes et stereotypies de la
sur-consommation, vehiculees par le mar
keting publicitaire. Combien de personnes
se retrouvent aujourd'hui obligees de
s'eveiller face a une image publicitaire stu-
pide ou agressive telle que Roc'Eclerc
obseques a prix coutant»
Le monopole de ces afficheurs et la multi
plication des 4x3m sont tels en France (cas
unique en Europe) que certaines municipa-
lites, a I'exemple des villes de Nantes et de
La Rochelle, commencent a reagir en redui-
sant leur implantation.
Xavier Gorce